vendredi 19 avril 2013

Est de la Turquie

En route vers Trabzon


Nous quittons donc Göreme et la Cappadoce. Yvana a adoré cette région et souhaite y rester 6 mois de plus, Gerald a un avis beaucoup plus mitigé car la région est très touristique et les commerçants sont « aggressifs » (ils vous regardent comme si vous étiez un billet de banque sur patte!). Heureusement que notre chemin ne croise que peu de ces endroits en haute saison car nos nerfs ne le supporteraient pas.
Nous nous dirigeons vers la ville de Trabzon avec devant nous plus de 600km à avaler. La route est très belle mais, très vite, nous passons au travers de montagnes impressionnantes. 
Nous longeons un lac de montagne et nous y arrêtons pour y passer la nuit. Nous sommes en pleine nature et en profitons pour nous balader, jouer au badminton et faire un feu en soirée. Un beau moment de détente qui ressemble à la vision que Gerald se faisait du tour du monde et de la visite de contrées lointaines, loin des campings et des villes. Nous repartons le lendemain après qu'Yvana ait regrimpé sur le campeur pour finir de mastiquer un bout du toit qui fuyait (vive l'accréditation d'escalade!). Nous repartons vers des montagnes énormes et pensons l'avoir facile pour finir les 300km qu'il nous reste à faire pour rejoindre Trabzon, mais Rudolf va nous faire vivre un véritable enfer. En pleine montée d'un col (2'200m d'altitude), le moteur se met à s'emballer sans pour autant tracter. Nous nous arrêtons, pas de bruit suspect, pas d'odeur de brulé, pas de fuite. Nous redémarrons Rudolf qui repart normalement, un ouf de soulagement qui ne dure pas longtemps car Rudolf remet cela quelques mètres plus loin. Nous sommes au milieu de cette côte qu'il nous faut franchir. Derrière nous, il n'y a que des minuscules villages, avec trois chèvres et un chien pelé...alors, un garage Ford, il ne faut pas rêver! En conduisant en transmission manuel, Rudolf rejoint péniblement le sommet.
Mais pas répit, car devant nous, ce sont des montagnes à perte de vue: il nous reste 80 km de cols. Aie...Fini l'envie de prendre des photos toutes les 2 mn, fini les ''Oh, que c'est beau, cela mérite une photo'. C'est bien crispés que nous redescendons jusqu'à Trabzon. Au final, nous constatons que c'est un problème de transmission qui ne se produit qu'en montée. Avec l'aide par mail d'un atelier canadien et celle d'un garage complet à Trabzon (oui, oui, nous avons réussi à communiquer malgré le fait que leur anglais était aussi bon que notre turc!), Rudolf repart avec un moteur qui ronronne. Bon, il va juste falloir remettre de l'huile de transmission, régulièrement, pendant les 20'000 km restant ! La bonne nouvelle, c'est que Gérald pourra se reconvertir en mécanicien à notre retour au Canada !
Trabzon est une étape importante pour nous: le consulat iranien délivre théoriquement des visas en quelques heures. L'obtention des ces droits de passage est importante à nos yeux car, non seulement l'Iran fait partie des 3 destinations majeures de notre parcours (avec la Turquie et la Mongolie) mais aussi car, en cas de refus, les chemins alternatifs sont vraiment difficiles, longs et représentent bcp moins d'intérêt.
Nous dormons le soir sur un parking entre deux voies d'autoroute....entre la circulation et les imbéciles qui font du tapage nocturne, Yvana ne dort pas de la nuit. Le lendemain, nous nous rendons, à travers la brume, au consulat Iranien : accueil chaleureux mais assez pessimiste. La nouvelle procédure du consulat nécessite un envoi du dossier à Téhéran et cela peut prendre plus d'une semaine. Nous sommes indécis sur la manière d'interpréter cela: est-ce une volonté de dissuader les gens de rentrer en Iran en période pré-électorale ? Un réel souci de vérifier qui entre en Iran ? Ou tout simplement une excuse pour refuser un visa?

Prêts à optimiser notre semaine forcée au bord de la mer Noire, nous passons à l'office du tourisme et tombons sur un monsieur vraiment serviable qui nous garde quasiment 2 heures pour nous rendre de multiples services. Il doit s'ennuyer ferme car il faut l'avouer, Trabzon est une ville rude, coincée entre la mer Noire et les montagnes (100 mètres de sol plat environ avant les pentes abruptes) et il n'existe que deux types de météo: soit il pleut, soit il y a de la brume. Nous sommes malgré tout heureux de constater qu'il y a le monastère de Sumela à quelques dizaines de kilomètres, Aya Sofia, église byzantine charmante, des excellents jeux pour les enfants. Alors nous prenons notre mal en patience. Par contre il faudrait que la situation évolue car en cas de retard du visa ou d'immobilisation de Rudolf pour une période plus longue, nous ne tiendrons pas longtemps à Trabzon, avec une humidité qui nous transperce les os, bien qu'il existe un bon pub servant des énormes bières locales (Efes) et de généreux verres de vin !

En conclusion: nous avons vraiment apprécié les 2 heures de grimpette/redescente à pic pour atteindre le monastère de Sumela, superbe, malgré la pluie; nous avons survécu au froid et à l'humidité, bien que le mot « soleil » ait carrément disparu de notre vocabulaire; Rudolf continue à nous faire des frayeurs malgré toute l'huile dont nous l'abreuvons; et nous croisons tous nos doigts (y compris ceux des pieds) pour obtenir nos visas lundis et pouvoir enfin quitter cette « charmante » ville que nous connaissons par coeur !
La suite des aventures des Caribous mouillés lundi !


La suite des aventures des Caribous...

...Tout ne va donc pas pour le mieux dans le meilleur des mondes

On a tout tenté: les larmes aux yeux des enfants, la mine triste et déconfite de leurs parents...mais cela n'a pas fonctionné. Aucun apitoiement de la part des Iraniens. Au consulat, on nous a simplement répondu: pas de nouvelles...pas de nouvelles. Bref, on ne saura probablement la vérité bien plus tard. Pour le moment, nous avons décidons de quitter la brume. Marre de Trabzon. Nous aurons passé dans cette ville plus de temps que nul part ailleurs et c'est bien le pire endroit de la Turquie.

Nous avons pris notre mal en patience en tentant de rejoindre ce que les Turques appellent la "petite suisse". on nous avait décrit un paysage très bucolique. Nous étions donc gonflé à bloc pour reprendre des forces dans la campagne mais une brume digne d'un livre de Stephen King nous est tombée dessus ! Dépités de notre escapade ratée, nous avons décidé de redescendre près des côtes ou la grisaille est au moins à quelques centaines de mètres au dessus. Nous en profitons pour nous occuper de Rudolf. le bruit bizarre ne se produisant qu'en montée, il n'est pas facile d'expliquer à des mécaniciens qui ne parlent pas un mot d'anglais notre problème. Nous préférons donc recontacter l'atelier montréalais "Drivetec" - celui qui avait préparé Rudolf pour son grand voyage et ceux-ci nous aiguillent vers un problème de  transmission.

En effet, nous constatons au garage que le niveau d'huile de la transmission est bas. Nous repartons avec l'espoir d'avoir résolu notre problème mais celui-ci va ré-apparaître à la première grimpette.
Ce coup ci, nous analysons plus en détail les symptômes et évaluons la possibilité que le problème viennent du turbo. Pas de fuite, mais le liquide de refroidissement du turbo est extrêmement bas et la surchauffe pourrait expliquer la baisse de puissance lorsque les montées sont conséquentes. Nous retournons voir nos nouveaux meilleurs amis -les mécaniciens ! - et nous remédions au problème. Pour communiquer, cette fois-ci, Gérald se débrouille à coup de petits dessins et de "Tamam" (le OK turc), "Kontrol", "pas Tamam", "Problem"...Après 28 thés, on finit par se comprendre!  En parallèle, nous leur demandons de vérifier l'état des batteries du campeur qui se déchargent tellement vite que nous n'osons plus utiliser le chauffage la nuit. Un faux branchement fait tout sauter dans le campeur. Ce qui devait être une simple opération de changement de batterie a terminé en un démontage complet du campeur pour trouver le fusible ou le câble qui aurait pu brûler. Cet incident nous a permis de constater la grande solidarité qui existe entre les Turcs, qui se dépannent entre entre corps de métier. C'est rassurant de voir toutes ces énergies déployées pour résoudre vos problèmes. Mais ce fut tout de même notre deuxième matinée passée dans le garage (et à faire des devoirs à l'arrière de la voiture).

Nous avons aussi amélioré le campeur et notre couchage en aménageant un sommier fait main. En effet, la nuit, le campeur accumule pas mal d'humidité et ce sommier est destiné à faire circuler de l'air. Cela a surtout permis de passer le temps (pour Gérald le bricoleur !).

À Trabzon, nous avons aussi rencontré des personnes dans la même situation que nous - bloqués ! -, notamment Frank, un photographe allemand qui a déjà passé 2 ans et demi à faire le tour de l'Afrique en moto (impressionnant lorsque l'on voit les pays qu'il a traversé). D'autres français sont venus frapper à notre porte  de campeur pour boire l'apéro et comparer nos situations, c'est toujours chouette de se rencontrer !

Aujourd'hui, nous avons décidé de bouger et de quitter Trabzon. Nous nous donnons encore une chance pour l'Iran mais évaluons les alternatives (à grand regrets car l'Iran était vraiment importante pour nous). Le passage vers le nord est beaucoup plus compliqué.

Les options se résument à :

  • Passer en Géorgie et rejoindre le Kazakhstan en passant par la Russie. Cette option représente des risques réels car le point de passage (re-ouvert depuis peu) fait traverser le territoire Tchétchène qui est encore très instable et les montagnes géorgiennes pleine de neige.

  • Des ferrys permettent d'éviter le passage en Tchétchénie mais ils sont coûteux et irréguliers (ce qui peut poser des problèmes avec nos visas qui doivent spécifier des dates qu'il faut honorer).

  • Faire le tour de la mer noire en passant par la Bulgarie, la Roumanie et l'Ukraine. 3,500 km non planifiés. Mais la visite de la Crimée, qui doit être super jolie

  • Trouver un ferry entre la côte turque et la Crimée pour joindre l'utile à l'agréable.

Toutes ces options nous demandent de passer en Russie et au Kazakhstan. Nous allons donc retourner à Ankara ou nous pourrons entreprendre nos demandes de visas russe et kazakhs  Cette option nous permettrait de revenir en arrière au cas ou l'Iran daigne nous accorder notre visa (si, si, c'est possible, Yvana en a rêvé !). On est clairement déçu de la situation mais encore plus d'avoir passé huit jours à Trabzon ou les attractions sont rares, mais le moral tient bon. Nous profitons de ce temps pour relaxer un peu. Les enfants sont quant à eux, exemplaires. Ils font preuves d'une patience extra-ordinaire et ne se plaignent jamais de la situation.

Nous sommes super content de reprendre la route avec Rudolf.

Notre Lion 'Alex' (allusion à Alexandre le grand et Alex du film d'animation Madagascar) est prêt à repartir à la conquête de nouvelles contrées avec les Caribous givrés.



11 commentaires:

  1. Coucou les amis vadrouilleurs ! Bon ben sacré Rudolph, il vous en fait déjà voir hein ? Je suis sure que Gérald va gérer tout ça et que votre camper tiendra la route, pour monter, descendre et tout et tout. Pour votre visa, je croise aussi tous les doigts (meme ceux du chat Yvana) pour que vous l'obteniez et puissiez continuer votre périple comme planifié !
    Votre récit est vraiment sympa, on a l'impression de vous entendre parler et d'être un petit peu avec vous sur la route !
    Je me réjouis de lundi pour lire la suite !!
    Les 3 Berthoud vous embrasse du coucouland où nous avons eu droit a une petite semaine de soleil et chaleur....avant le retour ce matin de la pluie !! same same but different ;-) bisoux !!!

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  2. Je suis très impressionnée par votre maîtrise de Rudolf . Etre le médecin d'une grosse bête comme ça c'est pas une mince affaire! bravo Gérald pour tes talents de mécanicien et Yvana pour la grimpette au mastic.
    Votre attente du visa iranien est très bien décrite, on se croirait dans un roman policier, je veux savoir la suite!!!!!!!!!! Lâchez pas

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  3. Coucou les Caribous ! vous seriez pas un peu givré ou bien :-)

    Gerald n'a pas voulu utiliser les freins dans les multiples descentes des cols et la transmission a fumé !

    Vous nous faites rêver... quel bonheur ce que vous vivez, pensez y tout le temps, même si il y a des moments parfois pénibles comme les démarches pour les Visas. Une semaine c'est assez standard... il faut parfois prévoir de rayonner dans la région en attente de ces braves administrations. En attendant Yavana pourra faire les marchés pour trouver un voile ;-)

    On vous souhaite le meilleur, on vous suit et on vous embrasse.

    Amitiés,
    lesGLEN

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  4. Coucou les voyageurs ! Impressionnant tout ce que vous avez parcouru... Ne lachez pas !! Toujours agréable de voyager à travers vos récits et vos photos. Les paysages sont magnifiques. Bravo au super papa mécanicien, à super maman qui fait face à une chèvre déchaînée, à Loïs qui a confectionné un beau couteau, et à Malcolm le courageux spéléologue... On vous embrasse bien fort.

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  5. Merci !!! On espère que tout va bien pour vous aussi. Nous, on se creuse la tête pour passer par-dessus l'Iran, mais on a pas encore trouvé de tapis volants !
    Les aventures continuent !
    Biz, Yvana et le reste des Caribous toujours givrés

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  6. Salut les GLEN !

    On a bien l'impression qu'il faudra un autre dîner en votre compagnie pour que vous nous racontiez l'Iran...Car pour l'instant, pas de voile en perspective, les portes sont toujours fermées. On garde espoir mais on attaque les démarches pour les routes alternatives.
    On espère en tout cas que la prochaine fois, on sera coincé ailleurs qu'à Trabzon, ;-)

    J'espère que toute la famille va bien ! Bisous à vous 4

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  7. Merci Zab pour tous tes mots d'encouragement. On vous raconte tout bientôt la suite des aventures sur le blog. Oui, oui, on lâche pas ! Et on espère que Rudolf non plus ;-)
    Profitez bien de l'arrivée du printemps !
    Yvana

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  8. Merci les Berthoud ! Rudolf tient bon pour l'instant, les Iraniens aussi (mais dans le mauvais sens pour nous)...ils ne lâchent pas leur visa !
    Continuez à croiser vos doigts, on en a encore besoin (l'espoir fait vivre !).
    On vous enverrai bien du soleil, mais c'est une denrée rare pour nous aussi. Courage, l'été est aux portes, vous allez bientôt profiter à fond du jardin, du lac et du bateau.
    Biiiiiiz à vous 3,
    Yvana

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  9. Bonjour Gerald - et tous les caribous :-)
    les Iraniens et le Visa, ya-t-il encore de chance?
    Qu' est-ce que vus allez faire?
    J'avais demande mes amis pourquoi c'est tellement difficile, et qu' est-ce qu'on pourrait faire. pas de response pour le moment.

    Bonne chance !!
    a bientot, j'espere, Klaus

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  10. Hi Klaus,
    2 weeks ago, the Iranian consultate in Trabzon was issuing visas on the same day, but the process has changed, They are sending requests to Teheran. They say they will contact us but clearly it seems that th epre-election period makes them closing their borders. we are still waiting but clearly look for an alternative. we are now in Ankara and will try the Embassy but i think our chances are weak. As our trip is very short, we will not be able to wait for too long and in any case, the more time it takes the less chance we will have to get visa issued as election dates will come very fast. 2 weeks earlier and we would have got our visa. Thanks to the guy who stole our plates during the shipment of our car. the time we lost to get new plates are really missing here. Tha'st life. Hope is still there even if chances are low.
    we will let you know as soon as the situation gets better.
    Les caribous

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  11. De Guy et Mireille.
    Un premier message devait partir depuis trois jours, hélas une fausse manoeuvre ( de l'ordi ) a brouillée cet envoi. Nous espérons que vos tracas mécaniques et de visas vont se solutionner au plus vite. Le moral de la troupe à l'air d'étre au beau fixe hormis ces pépins. Les repas ont l'air d'étre bons? surtout agrémentés de petits apéros !!!Nous sommes contents que les enfants s'adaptentbien à toutes les situations, meme les plus dures.Nathalie et les enfants sont rentrés d'Angleterre ce samedi; tout à l'air de s'étre bien passé.Giliane et Gilles sont partis se relaxer trois jours dans les Vosges.Depuis votre départ de la maison?à part qqs jours,le temps est désastreux ( froid et pluie )Bravo por votre style de reportage,on a l'impréssion de voyager avec vous.Grosses bises de nous deuxet bon courage.
    J'espére avancer mes punaises sur la carte de l'Asie
    A vous lire très bientot.

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