La frontière kirghize nous a laissé une excellente première impression: nous avions choisi un point de passage peu fréquenté et nous n'avons pas été déçus.
Il n'y avait aucun camion à ce petit poste-frontière et les douaniers ont préféré une séance photo avec nous plutôt qu'une fouille de nos affaires.
Nous avons passé la frontière un mardi matin et avions décidé d'être à Bichkek, la capitale, le lundi d'après au maximum, pour y déposer nos demandes de visas chinois. Quelques 500 km de route, dont deux cols à plus de 3000m nous séparaient de la ville. Nous avons décidé de prendre notre temps. Un petit détour nous amena jusqu'à une réserve de biosphère autour d'un lac d'altitude. L'idée de dormir au frais au bord d'un beau lac nous tentait bien. Au final, l'expérience fut différente, mais vraiment agréable. La route pour se rendre au village d'Artic, situé à l'entrée de la réserve, était sinueuse à souhait, avec des belles façades montagneuses et des excroissances rocheuses rouges. À un moment, nous avons eu l'impression de traverser le pays des Hobbits, avec des collines couvertes d'herbe tendre. Le village d'Artic mérite largement le détour à lui seul.
Nous nous sommes retrouvés propulsés quelques centaines d'années en arrière: les jeunes se déplacent à cheval, les maisons côtoient les yourtes, les vaches se baladent en plein village et les enfants les plus vieux portent leur petit frère sur le dos. Arrivés tard, nous avons dormi au cœur du village devant la porte d'accès au parc. Le parc en soi s'est révélé décevant, un joli lac, mais 15 km de piste de montagne défoncée pour l'atteindre, pas de longs sentiers de randonnée, et Loïs n'a pas réussi à attraper de poissons! Au retour, nous avons repassé une nuit au village, appréciant la discrétion et l'amabilité des kirghizes (après notre expérience « Britney Spear » ouzbèk, nous sommes devenus méfiants !).
Le reste de la route en direction de Bichkek nous a réservé bien d'autres surprises: la route traverse des canyons multicolores, grimpe des cols aux sommets desquels la vue est hallucinante, longe un réservoir d'eau magnifique (et pas trop froid d'ailleurs, nous y avons tous plongé !) et traverse les « jailoos », ces alpages dans lesquels les kirghizes passent les trois mois d'été sous yourte avec leurs familles et leurs animaux.
Le Kirghizstan est non seulement absolument superbe, mais en plus, nous trouvons facilement des endroits sympas pour bivouaquer le soir et des rivières de montagnes propres pour remplir nos réservoirs d'eau. Les Kirghizes sont hospitaliers, curieux et très respectueux. Bref, c'est tout heureux que nous débarquons à Bichkek, la capitale. Nous y restons 3 jours, le temps de fêter dignement les anniversaires de Malcolm et Yvana: pizza, banana split pour l'un et magret de canard, vin rouge pour l'autre. Il suffit de peu de choses pour se sentir heureux ! Nous déposons notre demande de visa pour la Chine au passage. L'attente des visas nous laisse 8 jours de libre pour aller flâner et nous nous décidons pour une visite du lac Yssik-Kul et une grimpette jusqu'au lac Song-Köl, à plus de 3000m.
Notre expédition vers le lac d'Yssik-kul s'est avérée être décevante. Tous les Kirghizes encensent ce lac et vantent que certains de ces villages sont le ''Cancun'' de l'Asie centrale. On souhaite prévenir de suite les amoureux de Cancun. Ne vous précipitez pas pour faire vos bagages et prendre un avion pour cette destination au lieu de vous diriger vers le Mexique ou la République Dominicaine...Ce fameux village ne présente vraiment aucun intérêt et le seul point commun avec Cancun réside dans le fait que pouvoir croiser dès 10 heures du matin, des gens en train de se saouler (en l'occurrence, la vodka remplace la tequila). Pour la deuxième fois depuis notre départ d'Europe, nous faisons l'erreur de vouloir dormir près d'une plage en ville et nous le regrettons bien vite en voyant débarquer des jeunes qui viennent boire en écoutant de la musique à fond. Trop âgés pour les rejoindre faire la fête, nous devons trouver un autre emplacement pour dormir, au beau milieu de la nuit (ce qui n'est pas aisé car trouver un endroit discret la nuit est délicat). Le lendemain, ce sont les pluies fortes qui apportent la goutte faisant déborder le vase (et le campeur par la même occasion).
Comme nous avons la chance de pouvoir bouger notre maison quand un endroit nous déplait, nous allons voir ailleurs si nous pouvons retrouver la tranquillité des paysages sublimes du Kirghizstan. Et en effet, il aura fallu pas plus de 100 km pour trouver un endroit très charmant en bordure de rivière ou nous pouvons admirer les chevaux sauvages et jouer au soccer avec des Kirghizes. Il faut aller chercher ce qui a de plus beau dans un pays et si ce pays vous offres des paysages magnifiques, c'est en allant au devant de cette nature que vous vivrez les plus belles aventures. Les principales destinations préconisées par notre guide se sont avérées décevantes car soit trop touristiques soit destinées à des parvenus très désagréables. Nos plus belles rencontres se sont faites en pleine nature prêt de yourtes occupés par des habitants bien sympathiques. Le Kirghizstan possède de magnifiques montagnes et nous nous en sommes mis plein les yeux pendant ces deux semaines. Nous avons connu la canicule à Bichkek et une tempête de neige sur un col à 3200m d'altitude, des nuits très calmes dans une nature vierge et des nuits plus agitées car perturbées par des jeunes qui se plaisent à transformer leur voiture en discothèque...On en passe, bref, nous avons vécu des expériences très riches qui positionnent ce pays au top de nos destinations préférées.
En parlant d'expériences très « riches », le Kirghizstan a aussi été l'occasion par deux fois de tester nos capacités à sortir Rudolf de situations délicates.
Hé oui, nous nous sommes fait surprendre deux fois par du sable. Un premier ensablage a permis de tester les plaques de désensablage qu'Olivier avait fabriqué pour nous à Belfort. Par chance, c'était l'après-midi, au bord de l'eau, au milieu de groupes de jeunes kirghizes venus se baigner. Quelques coups de pelles, un bon positionnement de la plaque et des bons bras pour pousser ont permis de sortir Rudolf de ce mauvais pas en moins de 20 minutes. Une bonne occasion qui prouve l'amabilité et le sens de l'entraide des Kirghizes. La deuxième fois a été beaucoup plus pénible. En approche vers un lac, une couche herbeuse cachait un sous sol de sable très mou. Les 5 tonnes du véhicule ont permis très rapidement de valider la théorie de Newton et nous nous sommes retrouvé bloqués vers 6 heures du soir dans le sable. Le sable était tellement mou que les plaques de désensablage se dérobaient sous les pneus pour s'enfoncer dans le sable. Quelques tentatives, le soir, se sont révélées infructueuses malgré 4 heures de travail et des tonnes de sables pelletées (incluant certaines fois ou les roues étaient tellement enfoncées que Rudolf reposait sur le bas de caisse, nécessitant de pelleter des surfaces énormes). Une bonne vodka pour trouver le sommeil et on s'y remet le lendemain. Quelques essais permettent de gagner des centimètres précieux mais à chaque fois, c'est le même scénario: les plaques glissent sur le sable, s'enfoncent parfois à plus d'un mètre et le camion roule comme un cycliste s'entrainant sur un tapis roulant. Il faudra 4 heures de plus et l'aide d'une dizaine de personnes pour finalement sortir Rudolf du sable. Personnellement, nous y avons laissé une énergie énorme (nous avons même du reboucher le trou avant de partir). Cela fait bizarre de ce se sentir si vulnérable et depuis, nous sommes à la limite de la paranoïa à chaque fois que l'on quitte les routes bétonnées.
PS: pour la petite histoire, l'ambassade de Chine qui nous avait fait patienter et nous avait fait payer nos visas n'a jamais lu l'invitation, en chinois (!), fournie par notre agence de voyage, ainsi que le formulaire dûment rempli en 4 exemplaires, dans lesquels nous mentionnions que nous rentrions en Chine le 5 août. L'ambassade a émis des visas valables jusqu'au 10 juillet et a ensuite refusé de reconnaître son erreur ou de nous rembourser. On va donc devoir tout recommencer à l'ambassade chinoise d'Oulan-Bator...Parfois, en plus de l'énergie pour pelleter, il faut être zeeeeeeeeeen...
Merci merci pour ces récits, on a l'impression de voyager un peu. Grosses bises a tous.
RépondreEffacerSalut les cariboux réchauffés !!!
RépondreEffacerQuelle trépidente aventure, des hauts et des bas sinon, y aurait rien à raconter hein?
En tous cas, bravo pour votre courage et votre état d'esprit positif et prêt à affronter tous les barrages, vous faites une super équipe d'aventuriers !
En vous lisant derrière notre écran, confortablement assis avec un tit verre de rouge, ça nous parrait complètement fou ce que vous vivez et voyez. On est totalement décalés !!!
Aaaaaaah, comme Maeva et moi reverions de chevaucher ces beaux chevaux sauvages dans ces steppes ....
On espère que vous n'aurez pas d'autres soucis pour vos chinoiseries de visa ;o) et vous envoyons pleins de grosses bises, remplies de gruyère, rosé, bbq et amitiés !!! Los tres Berthoudos