samedi 10 août 2013

Pékin

Encore une fois, nous entrons dans un nouveau monde. L'Asie centrale représentait déjà un dépaysement par rapport à ce que nous connaissions mais la Chine arrive encore à nous surprendre... agréablement. Après les bousculades avec les Russes, les Kasakhs et les Mongols dans les ambassades, nous nous retrouvons au milieu d'une population on ne peut plus zen. Les gens sont ici très calmes et cela fait du bien après plusieurs mois vécus dans des environnements qui nous rappelaient parfois les dures lois de la jungle. Les gens sont tellement zen que nous sommes surpris de constater avec quelle facilité le taxi arrive à nous transporter depuis l'aéroport jusqu'au centre ville sans trop d'encombres en pleine heure de rush (il y du monde dans les rues, mais la circulation, même si elle ralentie, reste fluide). Nous sourions en croisant des pousse-pousses et toutes sortes de tricycles devant des temples bouddhistes.

Après une bonne nuit de sommeil, nous attaquons notre premier jour de touristes lambdas en nous contentant de visiter la place TienAnmen (la plus grande au monde rendue célèbre par le mouvement protestataire de 1989) et quelques rues commerçantes de la ville.
Le lendemain, nous nous attaquons à la visite de la Cité interdite (résidence des empereurs chinois depuis 1421): grave erreur, nous apprenons notre première leçon de touriste en chine au mois d'août: ne jamais visiter un site le week-end ! Car, contrairement à beaucoup d'autres pays, la Chine pourrait se contenter de touristes chinois pour faire vivre ses principales attractions. Ce même jour, des milliers de touristes (dont 99% de Chinois) avaient eu la même idée que nous, le tout, sous un soleil de plomb et une température avoisinant les 40 degrés. Nous abdiquons, en jurant de revenir en semaine. Nous en profitons pour nous balader et, fatigués, nous grimpons dans un tuk-tuk. Nous montons donc à 4 sur un engin minuscule tracté par un mélange de coups de pédales du conducteur et de moteur poussif. Nous nous croyons dans un film de Jackie Chan tellement le gars conduit comme un fou, nous roulons plus souvent à contre-sens que sur la droite. Au final, le chauffeur nous dépose dans une ruelle isolée au lieu de l'endroit demandé. Lorsque nous lui sortons les 30 yuan négociés, il nous explique que nous avons mal compris et que les chiffre 3 signifiait 300 yuans: l'équivalent de 50 dollars pour 5 minutes de trajet. Il s'excite, commence à nous montrer une fausse carte d'un soi-disant « bureau du tourisme » indiquant des Prix faramineux. On rigole bien ! Il nous fait tout un cinéma, tente de nous intimider, nous menace de nous ramener la ou il nous avait pris, puis essaie de nous apitoyer. Bref, toute sa panoplie d'acteur y passe, sous les yeux effarés des enfants. Après lui avoir gentiment dit d'appeler la police, nous lui déposons le montant initialement négocié et partons avec les enfants. Nous ne sommes pas mécontent de cette expérience car le tour en tricycle valait vraiment la peine d'être vécu, mais cet épisode nous a appris notre deuxième leçon: beaucoup d'arnaques en Chine! Que ce soit avec les taxis, les commerçants ou même les restaurateurs (dont le menu en anglais ne comporte pas de prix), vous avez intérêt à compter vos doigts après avoir serrer la main d'un d'entre eux ;-) Les factures sont arrondies systématiquement à 2 ou 3 dizaines supérieures et si vous ne faites pas attention, vous pouvez vite y laisser 20% de plus sur chaque facture.
Au delà du contrôle que l'état impose sur internet (impossible d'accéder à Picasa, Facebook ou même d'actualiser le site des caribous givrés) nous avons fait face à des cyber attaques qui ont nécessité de renforcer un peu la sécurité de notre portable. Il est vraiment dommage que certains Chinois tentent d'abuser des touristes car le reste de la population est vraiment aimable. Seule la barrière de la langue rend les choses difficiles. Malheureusement, trop peu de chinois parlent anglais. Ce qui rend les échanges sporadiques et l'heure du dîner aléatoire: lorsque vous commandez à manger au restaurant, vous pouvez avoir quelques surprises. Les menus avec photos, haïs d'Yvana car synonyme de piège à touriste, nous ont en fait sauvé la vie. Bon, il faut bien scruter les photos car il y a de bonnes chances de se retrouver avec des pattes de poulet ou de l'intestin de porc si on n'y prend pas garde! Cependant, la nourriture en chine est excellente (surtout après 3 mois de graisse de mouton arrosée de vodka !). Lois est devenue une fan inconditionnelle des nooddles (nouilles) alors que le reste de la tribu fait quelques découvertes culinaires. Mais nous n'avons pas réussi à repousser nos limites jusqu'au niveau des chinois.
Dans les marchés de Pékin, nous avons découverts toutes sortes de brochettes que les Chinois venaient déguster. Au delà de la traditionnelle viande de volaille et de porc, les Chinois vendaient également des têtes de canard (sans cou, juste le bec et le haut de la tête, hum ça commence bien), des petites brochettes d'hippocampes, de sauterelles, d'étoiles de mer, de serpents, d'énormes araignées (aaaargh !!!), et de scorpions...Pour l'anecdote glauque, ces scorpions ne sont pas morts, ils sont empalés vivants sur leur brochettes et remuent leurs petites pattes en attendant d'être mangés... Inutile de vous dire, que nous n'avons pas mangé sur ce marché.

Ce qui a vraiment étonné Gérald, c'est la popularité de ce marché. Nous savions que les Chinois mangeaient des aliments que nous, Occidentaux, ne mangerions pas, cependant, nous ne nous attendions pas à voir autant de jeune Pékinois se régaler de ces insectes. La France est réputée pour ses mangeurs de grenouilles mais avouons que nous ne trouvons pas sur les Champs Élysée des étals complets de grenouilles vivantes que les commerçants déchicteraient devant un parterre complet de jeunes qui se battraient pour manger les meilleures. En Chine, ce n'est pas une population vieillissante perpétuant de vieilles traditions qui raffolent des insectes, ce sont des jeunes travaillant dans une des plus grande métropole au monde.

D'ailleurs, c'est cela qui fait le charme de la Chine. Les infrastructures sont parfaites,les moyens de communication, de transports sont très évolués et dénotent un pays définitivement tourné vers l'avenir, mais la ville de Pékin est remplie de repères et symboles représentant un passé toujours présent dans la vie quotidienne des Chinois. Les jeunes communiquant sur leur iPod ou autres tablettes côtoient d'autres qui vont jouer a divers jeux sur une boîte de carton sortie en plein centre d'une rue. 
Les temples sont omniprésents ainsi que les nombreuses ruelles ayant gardé le charme de leur passé. La Cité interdite (que nous avons donc pu visiter lors de notre deuxième tentative – il n'y avait plus que quelques milliers de personnes avec nous et la température avait chuté à 39 degrés...) est un symbole très fort de ce passé. Cette cité magnifique située en plein centre-ville est visitée par des dizaines de milliers de chinois chaque jour. Nous sommes resté un peu sur notre faim car peu de salles sont ouvertes au public. Avec la canicule qu'il faisait à Pékin (ressenti au dessus de 40 C) nous n'avons pas trop trainé tout de même. Il nous restait plus que l'incontournable grande muraille de Chine. Nous avons programmé cette visite en semaine afin d'éviter la foule. C'était sans compter le fait que même une infime partie des 1.3 milliard de Chinois pouvait représenter BEAUCOUP de monde. Nous nous sommes levé à 6 heures du matin pour nous rendre à la station de bus. Arrivés sur place vers les 7h30, il y avait déjà une file de plus de 800 mètres pour monter dans le bus. Peu enclins à patienter 2 heures sous le soleil (nous n'avons définitivement pas de gènes chinoises pour la patience), nous nous renseignons auprès d'autres touristes qui nous donnent un bon plan: visiter une autre partie de la muraille, beaucoup moins connue. Re-métro, re-station de bus, mais cette fois, nous embarquons facilement. Ouf ! Une heure et demi de bus et 30 minutes de taxi plus tard (avec de nouveau une tentative d'arnaque d'un chauffeur de taxi), nous arrivons au pied de la muraille de Mutianuy. Nous grimpons en télésiège jusqu'à la muraille que nous parcourons péniblement sous la canicule. 
Et oui, ça grimpe la muraille de Chine ! Après 2 heures de marche et beaucoup de plaisir et de sueur, nous prenons des luges d'été pour regagner la plaine plus rapidement (sauf si comme nous, vous tombez derrière une chinoise qui freine tout du long de la descente, créant un train de luges coincés et frustrées, grrrrr). Nous étions bien content de visiter cette partie de muraille qui était très jolie et peu fréquentée. Au bout de quelques jours, nous sommes bien fatigués par ces longues journées de marche sous la chaleur et décidons de calmer le jeu. Nous passons un dernier jour très calme avant d'attaquer une nouvelle expérience: prendre un train de nuit pour nous rendre de Pékin à Xi'an – théoriquement 12h30 de voyage. Nous ne serons pas déçus: les trains étant pris d'assaut pendant les vacances chinoises, il fut impossible de réserver des couchettes et nous avons du nous contenter de « hard seaters », des places assises qui ne s'inclinent pas. Bien que les places soient réservées, beaucoup de chinois voyagent sans places assises et squattent les places libres, les toilettes, les couloirs... Il suffit de se lever de son siège 20 secondes pour que quelqu'un soit déjà assis sur votre siège. Nous faisons la queue pour rentrer dans le train déjà bondé, fonçons sur nos places, tassons les valises des autres pour mettre nos nombreux bagages et nous asseyons avec la satisfaction du devoir accompli ...lorsque nous apprenons que nous ne sommes pas sur les bonnes places. Nous repartons à la conquête de nos vraies places qui étaient squattées par une famille avec deux enfants en bas age, bref, nous tassons quelques membres de la famille mais nous retrouvons au milieu des 2 gamins. Le reste de la famille s'assoit dans le couloir sur des petits tabourets de sorte que tous les passagers souhaitant passer viennent vous cogner dans les genoux lorsqu'ils ne vous marche pas dessus. Comble de malheur, nos places sont situés près des contrôleurs et tous les passagers sans tickets passent 2 heures à faire la queue pour acheter leur ticket pendant que des charriots vendant tout et n'importe quoi viennent passer toutes les 10 mn. Vers minuit, le wagon se calme un peu mais il faut pas compter sur la compagnie de chemin de fer chinoise pour éteindre ou baisser les lumières. Nous ne dormons quasiment pas tandis que les enfants parviennent à dormir un peu. Nous attendons avec impatience notre arrivée prévue le lendemain à 8h30 et devons nous rendre à l'évidence que ce calvaire devait durer encore plus pour nous. Au final, nous aurons passé 15 heures dans ce train. Nos dos, et nos muscles vont s'en souvenir longtemps de ce trajet. Nous en aurons un autre dans 6 jours, mais ce coup ci, nous devrions avoir des couchettes. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Les caribous laqués

Aucun commentaire:

Publier un commentaire