lundi 26 août 2013

la chine intérieure

Xi'an


Encore une autre grande ville et toujours cette canicule qui sévit en chine. Xian est la capitale historique de la Chine. C'est une très jolie ville dotée de deux magnifiques tours (Bell et Drum Towers), d'un quartier historique des plus vivant et même d'une vieille mosquée. 

Xian marque la fin de la route de la soie et la fin symbolique de notre voyage. Nous calmons le rythme un peu en nous contentant de ballades en ville et focalisons surtout sur la visite du site archéologique que les Chinois nomme la huitième merveille du monde: ''l'armée de terre-cuite'', une armée composée de 7000 soldats à taille humaine et tous sculptés avec des visages différents. Ces statues ont été créés il y a plus de 2000 ans pour entourer (et donc protéger dans l'au delà) le tombeau du premier empereur à avoir unifié la Chine. C'était très impressionnant, surtout si on rajoute les dizaines de milliers de touristes chinois qui visitaient le site en même temps que nous ! Nous avons également profité de ces quelques jours plus calme pour explorer la cuisine des rues et nous nous sommes régalés de pommes de terres sautées aux épices, de brochettes d'oeufs de caille ou de sucettes au riz gluant. La spécialité de Xian est un bol de nouilles, à l'ail, aux piments ou au sésame...mais servies froides.
Tout une expérience plutôt réussie. Cependant, Gérald a beaucoup moins apprécié le petit déjeuner de l'hôtel: un grand buffet avec pâtes à l'ail, soupe bizarre et beignets farcis à une sorte de viande indéfinissable. Le tout, sans même un verre d'eau (ne parlons pas d'un café!). Je pense que les goûts culinaires des Chinois sont bien éloignés des nôtres et je compatirai maintenant en les voyant se débattre avec un croissant / café latte alors qu'ils rêvent d'une bonne soupe épicée au réveil ! Les enfants et moi avons réussi à attraper quand même oeufs durs (mais colorés...mieux vaut ne pas savoir dans quelle mixture ils ont été cuits !), quelques tomates et des toasts. Lorsque nous nous sommes lassés de petits bols sur les étals, nous avons déniché une perle: un restaurant semi self-service de 'hot pot', la fondue chinoise.
Une grand bol de bouillon, épicé ou non selon l'état de votre palais, dans lequel on jette pêle-mêle de la viande, de la pâtée de crevettes, des champignons, de la patate douce, des épinards, du chou, et autres légumes, que l'on tente ensuite de rattraper maladroitement avec nos baguettes. Mis à part une bonne suée pour celui qui se retrouve dans le sens du vent (et donc de la vapeur du 'pot'), les quatre Caribous ont beaucoup aimé et en ont fait leur cantine de Xian !



Chengdu


Nous redoutions notre deuxième voyage en train, mais comptions sur le fait que nous avions trouvé des places en couchette pour améliorer notre expérience.
Ce fut chose faite. Ces couchettes sont des énormes dortoirs, de trois couchettes superposées. Comme nous nous y étions pris à la dernière minute, nous avons hérité de couchettes tout en haut. Il y a une belle échelle pour grimper et vaut mieux ne pas avoir le vertige ! Le long du couloir se trouve également de petits sièges pour éviter de passer tout le trajet dans son perchoir. Au final, nous avons très bien dormi durant ce trajet de plus de 16 heures. Les habitudes chinoises nous ont bien arrangées: tout le monde se couche tôt !

Arrivés à Chengdu bien reposés, nous nous sommes installés dans notre nouvelle 'maison': la Flip-Flop Guesthouse. Super petit hôtel de routards, avec tout ce qu'il faut pour nous plaire: distribution de coupons pour des bières gratuites, billard et baby-foot, ordinateur à disposition et des machines à laver (yes, pas besoin de frotter dans le lavabo !!).
Le lendemain, nous avions prévu de visiter le centre de réadaptation des pandas géants pour les 10 ans de Loïs. Réveil donc à 6h30 pour avaler un cupcake surmonté d'une bougie et filer au centre. Notre guide ne parle pas un mot d'anglais mais nous amène aux bons endroits, au bon moment. En effet, les pandas sont de nature assez paresseuse et préfèrent largement le temps froid à la chaleur. Lors de périodes caniculaires, ils passent une grande partie de la journée à dormir au frais, dans des locaux climatisés (fait confirmé par d'autres touristes). Mais le matin, ils sont très actifs et très affamés.
Notre guide connaissait bien les horaires de distribution de nourriture et nous avons eu droit à de belles scènes ou les pandas étaient actifs, entre autres, une belle bagarre entre deux jeunes pandas que nous avons immortalisés sur un film et un grand panda adulte, assis sur un gros tas de pousses de bambou et qui les décortique minutieusement une par une. Après 4 heures de visite, nous nous sommes réfugiés au frais de la climatisation de la Guesthouse. Les enfants ont pu s'éclater tout l'après-midi. Il faut dire que cet hôtel est vraiment bien conçu: il y a une salle commune très bien aménagée ou les gens peuvent s'assoir sur des coussins confortables, boire une bière au comptoir, jouer au billard ou au baby-foot. Il était clair que Lois et Malcolm allaient adorer cet endroit. Pour les jours à venir, nous avions décidé de séparer la famille en deux.
Yvana et Lois voulaient voir la Chine rurale: le Bouddha géant de Lesha (71 mètres de haut) et une des quatre montagnes bouddhistes sacrées se trouvaient à deux heures de route. Malcolm et Gérald préféraient rester à la guesthouse afin de peaufiner leurs aptitudes au billard et au babyfoot. Un vrai week end de gars ponctué par un séjour dans un pub irlandais ou ils ont assisté au match de rugby Australie /New-Zealand (ou les All-Blacks supportés par Malcolm ont écrasés les Wallabies australiens).
Les filles en parallèle ont beaucoup marché, dégouliné, découvert des Chinois très ouverts, se sont prêtées au jeu des photographes et ont affronté une ribambelle de singes agressifs qui sautaient sur la tête des touristes pour réclamer un droit de passage (Loïs ne veut plus jamais entendre parler de singes !!). Tout le monde était ravi de ces deux jours et nous avons pu ensemble planifier notre dernière étape du voyage.

Tout étant lié à la date d'arrivée de Rudolf à Vancouver, nous avions attendu de connaître la date exacte avant de réserver des billets d'avion. À ce jour, il s'avère que Rudolf ne pourra pas arriver assez tôt pour que nous puissions visiter l'Ouest canadien. Nous avons donc pris la décision de raccourcir notre fin de séjour et rentrer directement à Montréal. Ainsi, Lois et Malcolm feront leur rentrée scolaire avec moins de retard que prévu. Nous verrons ensuite avec quelle méthode (fléchette, pile ou face...) nous désignerons la personne qui sera chargée d'aller rechercher Rudolf à Vancouver et de la ramener à bon port ! Souhaitant finir en beauté, et parce que nous avions déjà pris des billets de Chengdu à Phuket (Thaïlande), nous décidons de profiter de la mer et du soleil thaïs pendant une semaine, puis de passer une autre semaine à se relaxer dans un tout-inclus, le Club Med de Phuket, sans avoir rien à planifier, sauf quelques activités sportives. Et puis, le buffet du club nous permettra de reprendre les 187 grammes que nous avions perdu ! Les enfants se réjouissent d'aller au club Med, de faire du sport et d'être un peu lâché par leurs parents ! Ils se réjouissent également de retrouver Montréal, leurs amis, la maison, le chat, et aussi l'école. Les parents aussi ! En attendant, nous profitons de nos derniers moments en Chine, ce pays que nous avons vraiment beaucoup aimé et qui vaut la peine d'être exploré, culinairement, culturellement et humainement.

samedi 10 août 2013

Pékin

Encore une fois, nous entrons dans un nouveau monde. L'Asie centrale représentait déjà un dépaysement par rapport à ce que nous connaissions mais la Chine arrive encore à nous surprendre... agréablement. Après les bousculades avec les Russes, les Kasakhs et les Mongols dans les ambassades, nous nous retrouvons au milieu d'une population on ne peut plus zen. Les gens sont ici très calmes et cela fait du bien après plusieurs mois vécus dans des environnements qui nous rappelaient parfois les dures lois de la jungle. Les gens sont tellement zen que nous sommes surpris de constater avec quelle facilité le taxi arrive à nous transporter depuis l'aéroport jusqu'au centre ville sans trop d'encombres en pleine heure de rush (il y du monde dans les rues, mais la circulation, même si elle ralentie, reste fluide). Nous sourions en croisant des pousse-pousses et toutes sortes de tricycles devant des temples bouddhistes.

Après une bonne nuit de sommeil, nous attaquons notre premier jour de touristes lambdas en nous contentant de visiter la place TienAnmen (la plus grande au monde rendue célèbre par le mouvement protestataire de 1989) et quelques rues commerçantes de la ville.
Le lendemain, nous nous attaquons à la visite de la Cité interdite (résidence des empereurs chinois depuis 1421): grave erreur, nous apprenons notre première leçon de touriste en chine au mois d'août: ne jamais visiter un site le week-end ! Car, contrairement à beaucoup d'autres pays, la Chine pourrait se contenter de touristes chinois pour faire vivre ses principales attractions. Ce même jour, des milliers de touristes (dont 99% de Chinois) avaient eu la même idée que nous, le tout, sous un soleil de plomb et une température avoisinant les 40 degrés. Nous abdiquons, en jurant de revenir en semaine. Nous en profitons pour nous balader et, fatigués, nous grimpons dans un tuk-tuk. Nous montons donc à 4 sur un engin minuscule tracté par un mélange de coups de pédales du conducteur et de moteur poussif. Nous nous croyons dans un film de Jackie Chan tellement le gars conduit comme un fou, nous roulons plus souvent à contre-sens que sur la droite. Au final, le chauffeur nous dépose dans une ruelle isolée au lieu de l'endroit demandé. Lorsque nous lui sortons les 30 yuan négociés, il nous explique que nous avons mal compris et que les chiffre 3 signifiait 300 yuans: l'équivalent de 50 dollars pour 5 minutes de trajet. Il s'excite, commence à nous montrer une fausse carte d'un soi-disant « bureau du tourisme » indiquant des Prix faramineux. On rigole bien ! Il nous fait tout un cinéma, tente de nous intimider, nous menace de nous ramener la ou il nous avait pris, puis essaie de nous apitoyer. Bref, toute sa panoplie d'acteur y passe, sous les yeux effarés des enfants. Après lui avoir gentiment dit d'appeler la police, nous lui déposons le montant initialement négocié et partons avec les enfants. Nous ne sommes pas mécontent de cette expérience car le tour en tricycle valait vraiment la peine d'être vécu, mais cet épisode nous a appris notre deuxième leçon: beaucoup d'arnaques en Chine! Que ce soit avec les taxis, les commerçants ou même les restaurateurs (dont le menu en anglais ne comporte pas de prix), vous avez intérêt à compter vos doigts après avoir serrer la main d'un d'entre eux ;-) Les factures sont arrondies systématiquement à 2 ou 3 dizaines supérieures et si vous ne faites pas attention, vous pouvez vite y laisser 20% de plus sur chaque facture.
Au delà du contrôle que l'état impose sur internet (impossible d'accéder à Picasa, Facebook ou même d'actualiser le site des caribous givrés) nous avons fait face à des cyber attaques qui ont nécessité de renforcer un peu la sécurité de notre portable. Il est vraiment dommage que certains Chinois tentent d'abuser des touristes car le reste de la population est vraiment aimable. Seule la barrière de la langue rend les choses difficiles. Malheureusement, trop peu de chinois parlent anglais. Ce qui rend les échanges sporadiques et l'heure du dîner aléatoire: lorsque vous commandez à manger au restaurant, vous pouvez avoir quelques surprises. Les menus avec photos, haïs d'Yvana car synonyme de piège à touriste, nous ont en fait sauvé la vie. Bon, il faut bien scruter les photos car il y a de bonnes chances de se retrouver avec des pattes de poulet ou de l'intestin de porc si on n'y prend pas garde! Cependant, la nourriture en chine est excellente (surtout après 3 mois de graisse de mouton arrosée de vodka !). Lois est devenue une fan inconditionnelle des nooddles (nouilles) alors que le reste de la tribu fait quelques découvertes culinaires. Mais nous n'avons pas réussi à repousser nos limites jusqu'au niveau des chinois.
Dans les marchés de Pékin, nous avons découverts toutes sortes de brochettes que les Chinois venaient déguster. Au delà de la traditionnelle viande de volaille et de porc, les Chinois vendaient également des têtes de canard (sans cou, juste le bec et le haut de la tête, hum ça commence bien), des petites brochettes d'hippocampes, de sauterelles, d'étoiles de mer, de serpents, d'énormes araignées (aaaargh !!!), et de scorpions...Pour l'anecdote glauque, ces scorpions ne sont pas morts, ils sont empalés vivants sur leur brochettes et remuent leurs petites pattes en attendant d'être mangés... Inutile de vous dire, que nous n'avons pas mangé sur ce marché.

Ce qui a vraiment étonné Gérald, c'est la popularité de ce marché. Nous savions que les Chinois mangeaient des aliments que nous, Occidentaux, ne mangerions pas, cependant, nous ne nous attendions pas à voir autant de jeune Pékinois se régaler de ces insectes. La France est réputée pour ses mangeurs de grenouilles mais avouons que nous ne trouvons pas sur les Champs Élysée des étals complets de grenouilles vivantes que les commerçants déchicteraient devant un parterre complet de jeunes qui se battraient pour manger les meilleures. En Chine, ce n'est pas une population vieillissante perpétuant de vieilles traditions qui raffolent des insectes, ce sont des jeunes travaillant dans une des plus grande métropole au monde.

D'ailleurs, c'est cela qui fait le charme de la Chine. Les infrastructures sont parfaites,les moyens de communication, de transports sont très évolués et dénotent un pays définitivement tourné vers l'avenir, mais la ville de Pékin est remplie de repères et symboles représentant un passé toujours présent dans la vie quotidienne des Chinois. Les jeunes communiquant sur leur iPod ou autres tablettes côtoient d'autres qui vont jouer a divers jeux sur une boîte de carton sortie en plein centre d'une rue. 
Les temples sont omniprésents ainsi que les nombreuses ruelles ayant gardé le charme de leur passé. La Cité interdite (que nous avons donc pu visiter lors de notre deuxième tentative – il n'y avait plus que quelques milliers de personnes avec nous et la température avait chuté à 39 degrés...) est un symbole très fort de ce passé. Cette cité magnifique située en plein centre-ville est visitée par des dizaines de milliers de chinois chaque jour. Nous sommes resté un peu sur notre faim car peu de salles sont ouvertes au public. Avec la canicule qu'il faisait à Pékin (ressenti au dessus de 40 C) nous n'avons pas trop trainé tout de même. Il nous restait plus que l'incontournable grande muraille de Chine. Nous avons programmé cette visite en semaine afin d'éviter la foule. C'était sans compter le fait que même une infime partie des 1.3 milliard de Chinois pouvait représenter BEAUCOUP de monde. Nous nous sommes levé à 6 heures du matin pour nous rendre à la station de bus. Arrivés sur place vers les 7h30, il y avait déjà une file de plus de 800 mètres pour monter dans le bus. Peu enclins à patienter 2 heures sous le soleil (nous n'avons définitivement pas de gènes chinoises pour la patience), nous nous renseignons auprès d'autres touristes qui nous donnent un bon plan: visiter une autre partie de la muraille, beaucoup moins connue. Re-métro, re-station de bus, mais cette fois, nous embarquons facilement. Ouf ! Une heure et demi de bus et 30 minutes de taxi plus tard (avec de nouveau une tentative d'arnaque d'un chauffeur de taxi), nous arrivons au pied de la muraille de Mutianuy. Nous grimpons en télésiège jusqu'à la muraille que nous parcourons péniblement sous la canicule. 
Et oui, ça grimpe la muraille de Chine ! Après 2 heures de marche et beaucoup de plaisir et de sueur, nous prenons des luges d'été pour regagner la plaine plus rapidement (sauf si comme nous, vous tombez derrière une chinoise qui freine tout du long de la descente, créant un train de luges coincés et frustrées, grrrrr). Nous étions bien content de visiter cette partie de muraille qui était très jolie et peu fréquentée. Au bout de quelques jours, nous sommes bien fatigués par ces longues journées de marche sous la chaleur et décidons de calmer le jeu. Nous passons un dernier jour très calme avant d'attaquer une nouvelle expérience: prendre un train de nuit pour nous rendre de Pékin à Xi'an – théoriquement 12h30 de voyage. Nous ne serons pas déçus: les trains étant pris d'assaut pendant les vacances chinoises, il fut impossible de réserver des couchettes et nous avons du nous contenter de « hard seaters », des places assises qui ne s'inclinent pas. Bien que les places soient réservées, beaucoup de chinois voyagent sans places assises et squattent les places libres, les toilettes, les couloirs... Il suffit de se lever de son siège 20 secondes pour que quelqu'un soit déjà assis sur votre siège. Nous faisons la queue pour rentrer dans le train déjà bondé, fonçons sur nos places, tassons les valises des autres pour mettre nos nombreux bagages et nous asseyons avec la satisfaction du devoir accompli ...lorsque nous apprenons que nous ne sommes pas sur les bonnes places. Nous repartons à la conquête de nos vraies places qui étaient squattées par une famille avec deux enfants en bas age, bref, nous tassons quelques membres de la famille mais nous retrouvons au milieu des 2 gamins. Le reste de la famille s'assoit dans le couloir sur des petits tabourets de sorte que tous les passagers souhaitant passer viennent vous cogner dans les genoux lorsqu'ils ne vous marche pas dessus. Comble de malheur, nos places sont situés près des contrôleurs et tous les passagers sans tickets passent 2 heures à faire la queue pour acheter leur ticket pendant que des charriots vendant tout et n'importe quoi viennent passer toutes les 10 mn. Vers minuit, le wagon se calme un peu mais il faut pas compter sur la compagnie de chemin de fer chinoise pour éteindre ou baisser les lumières. Nous ne dormons quasiment pas tandis que les enfants parviennent à dormir un peu. Nous attendons avec impatience notre arrivée prévue le lendemain à 8h30 et devons nous rendre à l'évidence que ce calvaire devait durer encore plus pour nous. Au final, nous aurons passé 15 heures dans ce train. Nos dos, et nos muscles vont s'en souvenir longtemps de ce trajet. Nous en aurons un autre dans 6 jours, mais ce coup ci, nous devrions avoir des couchettes. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Les caribous laqués